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Le FIFDH présente le programme de sa 22e édition

Le rideau se lève sur la 22e édition du Festival du film et forum international sur les droits humains. La programmation 2024 tentera d’esquisser les contours d’un futur meilleur en exploitant la force du cinéma et des grandes voix des droits humains.

Parmi elles, le Festival accueillera l’activiste américaine Angela Davis, le journaliste russe et Prix Nobel de la paix Dmitri Mouratov, ainsi que le photojournaliste palestinien Motaz Azaiza.

Angela Davis

Écrivaine, professeure de philosophie, militante des droits humains

Dmitri Mouratov

Cofondateur de Novaya Gazeta et Prix Nobel de la paix 2021

Motaz Azaiza

Photojournaliste palestinien

Entre résistances et révoltes : le pouvoir des images

Comment donner du sens à notre époque ? Dans un monde marqué par l’interdépendance entre crises géopolitiques, économiques et sociales, couplé à l’affaiblissement des institutions multilatérales et la crise climatique globale, l’incertitude est partout. « Tout bouleversement implique une perte de repères, mais c’est également dans ce mouvement qu’apparaissent des perspectives nouvelles. Le FIFDH interroge le rôle des images et de la représentation dans ces changements, en proposant de réunir celles et ceux qui réfléchissent à des solutions collectives et nous rappellent la nécessité d’agir » déclarent Laila Alonso Huarte et Laura Longobardi, co-directrices éditoriales.

Dix jours durant, du 8 au 17 mars, le Festival créera les conditions du dialogue et s’appuiera sur le pouvoir du cinéma pour raconter l’histoire de celles et ceux qui font des droits humains un engagement aussi vivant que concret, au bénéfice d’un avenir commun. Le FIFDH 2024 en fait sa force au travers, notamment, d’une nouvelle section du Forum intitulée Spotlight. Celle-ci place en son centre l’engagement des cinéastes et des protagonistes des films, donnant des pistes de solutions et incitant le public à l’action.

Le cinéma pour se mettre dans les pas de celles et ceux qui résistent

An Unfinished Journey d’Amie Williams et Aeyliya Husain

An Unfinished Journey

Un parcours qui débutera par la mise en lumière de la situation des femmes en Afghanistan depuis le retour au pouvoir des talibans. Le FIFDH présentera en première mondiale le documentaire An Unfinished Journey d’Amie Williams et Aeyliya Husain, qui suit le parcours de plusieurs femmes leaders afghanes contraintes à l’exil. La projection sera suivie d’une discussion avec, notamment, l’ancienne ministre afghane Nargis Nehan.

Autre forme de résistance portée par le cinéma, la première mondiale du film Of Caravan and the Dogs d’Askold Kurov et Anonyme 1, qui décrit la lutte du journal russe indépendant Novaïa Gazeta, dernier bastion de la presse libre au sein d’un État dictatorial et en guerre. Son ex-rédacteur en chef et Prix Nobel de la paix 2021, Dmitri Mouratov, sera à Genève et participera à une discussion sur la société civile russe à une semaine de l’élection présidentielle dans ce pays. 

Les projecteurs de la sélection du FIFDH mettront également en lumière la résistance ouïghoure face au régime chinois, avec le film All Static & Noise de David Novack, projeté en présence de l’activiste Jewher Ilham, fille de l’économiste ouïghour emprisonné Ilham Tohti. Il en sera de même de la révolte en Iran, autour du film Là où Dieu n’est pas de Mehran Tamadon, dans lequel trois opposant·es iranien·es témoignent de ce que signifie résister face à la torture. Le journaliste Taghi Rahmani, protagoniste du film, époux de la Prix Nobel de la paix Narges Mohammadi, sera présent au Festival. 

Côté fiction, le long métrage de la réalisatrice et actrice Paola Cortellesi Il reste encore demain explore les violences patriarcales et les dessous de l’Italie fasciste d’après-guerre. Un récit féministe devenu phénomène en Italie, réunissant public et critique.

La guerre vue par les cinéastes et photographes

The Teacher de Farah Nabulsi

The Teacher, de Farah Nabulsi

La résistance par l’image est également celle des cinéastes et journalistes palestinien·nes, témoins directs de la guerre au Proche-Orient, à qui le FIFDH donnera la parole. Tout d’abord avec l’intervention exceptionnelle au Festival du photojournaliste gazaoui Motaz Azaiza qui, quatre mois durant, a documenté par ses clichés publiés sur les médias sociaux, l’enfer de la guerre à Gaza. Les cinéastes palestinien·nes Farah Nabulsi, avec le film de fiction The Teacher et Mohamed Jabaly, avec le documentaire Life is Beautiful présenteront également leurs histoires au Festival et livreront leur regard sur la situation actuelle.

Les voix de l’espoir seront également celles des militant·es palestinien·nes et israélien·nes pour la paix Ali Abu Awwad et May Pundak, qui dialogueront ensemble des scénarios d’avenir possibles. Avec, The First 54 Years – An Abbreviated Manual for Military Occupation, le grand cinéaste israelien Avi Mograbi propose un aperçu du fonctionnement, de la logique et des pratiques d’une occupation colonialiste. Cette 22e édition du FIFDH s’arrêtera également sur la résurgence de l’antisémitisme et se demandera s’il ne constitue pas un angle mort des luttes antiracistes.

Remettre les droits humains au coeur de la politique et de l’action

Angela Davis

La résistance et l’espoir seront portés au sein du Forum du FIFDH par les grandes voix des droits humains. Tout d’abord avec une immense figure du combat pour les droits civiques : Angela Davis, activiste américaine, participera à une discussion autour du racisme systémique et les violences policières, aux côtés, notamment, de la militante française Assa Traoré.

Le Forum interrogera nos sociétés marquées par la pluralité des formes d’exclusions et de dominations. Il s’arrêtera, en particulier, sur la montée en puissance des BRICS et l’affaiblissement de l’ordre mondial occidental, se questionnera sur les dangers et la régulation de l’intelligence artificielle, et explorera les intersections entre environnement, droits du vivant et droits humains. Autant de crises qui se rejoignent et s’entrecoupent, comme autant de tentatives de refléter les enjeux et les luttes actuelles.

Ces combats seront notamment incarnés par la femme politique malienne Aminata Dramane Traoré, l’éditorialiste britannique George Monbiot, le syndicaliste et homme politique français Philippe Poutou, la militante écologiste française Claire Nouvian et l’universitaire américain Bernard Harcourt.

Un engagement envers le jeune public

Programme jeune public

Le FIFDH poursuit son travail afin d’atteindre des publics diversifiés, au travers de ses programmes en milieux carcéraux et hospitaliers et de sa tournée internationale Human Rights 75 Film Tour. Cette année, le Festival s’engage tout particulièrement envers les générations futures, avec un contenu adapté à leurs âges (dès 6 ans). En plus du programme scolaire, des séances sont proposées aux familles en partenariat avec La Lanterne Magique et les Cinémas du Grütli, leur donnant des outils pour mieux saisir et comprendre les enjeux liés aux droits humains, à hauteur d’enfants.

Accompagner le cinéma d’impact, de la production à la diffusion

Diego Luna, acteur mexicain

Outre le développement d’une nouvelle section Spotlight servant de plateforme pour le lancement de films à fort potentiel d’impact, le FIFDH poursuit son travail d’accompagnement des projets de film en phase de production avec son programme professionnel Impact Days auquel participent plus de 150 cinéastes en provenance du monde entier. Parmi eux, le Festival accueillera cette année l’acteur mexicain Diego Luna, impliqué dans un projet destiné à attirer l’attention sur la dramatique situation de la liberté de la presse au Mexique, lors d’une année électorale pour le pays.

Par ailleurs, au travers de partenariats consolidés avec de nombreuses ONG œuvrant partout dans le monde, le FIFDH promeut l’utilisation des films dans le cadre du travail de plaidoyer et de sensibilisation de ces organisations, ouvrant ainsi de nouveaux canaux de diffusion pour le cinéma engagé.

Un Festival qui se projette vers l’avenir

Fort d’une nouvelle co-direction, le FIFDH a conclu fin 2023 une nouvelle convention quadriennale avec la Ville de Genève et bénéficie d’un soutien accru du Canton de Genève. « Le FIFDH peut se réjouir de la forte confiance des parties prenantes au Festival, qui se traduit notamment par des partenariats renforcés et orientés vers l’avenir, avec notamment quatre grandes ONG – Amnesty International, l’OMCT, Caritas Suisse et Helvetas – ainsi qu’avec des partenaires étrangers de première importance, dont les Fondations Ford et Rosa-Luxembourg. Tout en précisant que le FIFDH est financé à 40% par des fondations et des structures philanthropiques suisses, qui s’associent à ses programmes sur plusieurs années, dont The StoryBoard Collective » se réjouit Guillaume Noyé, directeur opérationnel et administratif.

Doté d’un budget de 2,5 millions de francs, le FIFDH réaffirme sa volonté de consolider sa position d’espace incontournable de rencontres, de mises en réseau et d’échanges sur les enjeux liés aux droits humains. Le FIFDH salue l’engagement constant de ses partenaires, de ses publics, de ses invité·es et de ses bénévoles et se réjouit de l’empreinte que laissera la programmation de cette 22e édition.