Rentrée scolaire — nouveaux films à voir en classe
À l’occasion de la rentrée des classes, plusieurs films ont été ajoutés sur la plateforme de visionnage Écoles. Nous sommes ravies de partager avec vous quatre films qui ont fortement marqué notre programme scolaire et été vus par des centaines d’élèves, dans nos salles ou en aulas.
Migration · Travail
Qui sont les travailleur·euses étranger·ères qui ont bâti Genève ?
Réponse dans un film émouvant qui permet d’interroger la relation de la Suisse avec l’immigration économique, particulièrement dans le contexte des débats actuels à ce sujet.
Katarine Dominicé
Lettres ouvertes
SUISSE, 2023, 61′, VO ALBANAIS, FRANÇAIS, PORTUGAIS, ST FRANÇAIS
De 1931 à 2002, la Suisse a délivré quelque six millions d’autorisations de séjour saisonnier, appelées permis « A », à des travailleur·euses immigré·es. Ce statut imposait des règles drastiques. Ils·elles n’avaient pas le droit de faire venir leur famille, et leur séjour en Suisse était limité à neuf mois par an.
Dans une série de lettres ouvertes, d’ancien·nes saisonnier·ières et leurs enfants racontent l’impact que ce système a eu sur leur existence. Il reste palpable et sa divulgation questionne l’étrange indifférence des Suisses face à ces êtres humains voués à bâtir leur pays et à se rendre invisibles dans le même temps.
Initiée par la Ville de Genève et conçue par les Archives contestataires, le Collège du travail et Rosa Brux, l’exposition « Nous, saisonniers, saisonnières… 1931-2019 » mettait en lumière l’histoire de dizaine de milliers de travailleur·euses immigré·es arrivé·es en nombre en Suisse afin de répondre au manque de main d’œuvre. De la construction à l’agriculture, en passant par l’hôtellerie et la restauration, quelque six millions d’autorisations de séjour saisonnier, appelées permis « A », ont été délivrés. C’est à partir de lettres ouvertes rédigées pour l’exposition que le film est né.
Après une première mondiale lors de l’édition 2023 du FIFDH, Lettres ouvertes est sorti en salles en mai et juin de la même année en Suisse romande.
Racisme systémique · Identité
La Suisse, immunisée contre le racisme systémique ?
Juin 2020. Des citoyens suisses, des blancs et des noirs, envahissent par milliers les rues de Genève, Zurich et Lausanne pour y dénoncer les discriminations raciales. C’est la première fois que les récits des minorités visibles émergent. Les femmes noires occupent les premiers rangs, elles dénoncent le racisme systémique et contrarient l’image d’Épinal de la Suisse humanitaire perçue comme un îlot de paix et de prospérité.
Rachel M’Bon et Juliana Fanjul
Je suis Noires
SUISSE, 2022, 50′, VO FRANÇAIS, ALLEMAND, ST FRANÇAIS
En Suisse, terre de consensus et de neutralité, des voix inédites s’élèvent, celles de femmes qui se battent pour la reconnaissance du racisme structurel, déconstruisent les stéréotypes et revendiquent leur double identité suisse et noire. Dans ce contexte, Rachel, journaliste suisso-congolaise, entame sa propre quête identitaire. En cheminant vers l’affranchissement, elle interroge son passé, son présent et tend un miroir à son pays et à ses pairs.
Difficile dans un pays qui a fait de l’irréprochabilité son dogme, de s’attaquer à sa part d’ombre, de révéler ses liens avec le colonialisme. Compliqué de faire entendre que l’héritage de ce passé colonial alimente encore aujourd’hui les relents racistes profondément ancrés dans l’inconscient collectif.
Après avoir été sélectionné dans le cadre des Impact Days du FIFDH pour développer une campagne d’impact et présenté dans le programme pédagogique en 2022, Je suis Noires a été sélectionné dans la compétition Documentaires de création du Festival en 2023. De cette même année, il obtient le Prix du cinéma suisse dans la catégorie court métrage.
Depuis, la stratégie d’impact social du film a été poursuivie à travers la création de l’association NWAR et du mouvement #JeSuisNoires afin de valoriser et de visibiliser les personnes noires et/ou racisées au niveau culturel, social et politique. L’association peut vous aider à organiser une projection, et propose un kit pédagogique d’accompagnement au film.
NUMÉRIQUE · PROTECTION DES DONNÉES
Que peut-on savoir d’une personne à partir de son historique de recherches en ligne ?
Peut-on recréer le double d’une personne à partir de ses traces numériques ? Peut-on créer un sosie d’une personne que l’on ne connaît pas ? Reconstituer, jouer et filmer la vie d’une personne jusque dans ses moindres détails et copier sa personnalité ? C’est l’expérience entreprise dans le film Made to Measure.
Hans Block, Moritz Riesewieck & Cosima Terrasse
Made to Measure
SUISSE & ALLEMAGNE, 2021, 44′, VO ANGLAIS, ALLEMAND, ST FRANÇAIS
Cinq années de la vie d’une femme ont été exhumées pour créer un portrait-robot, incarné par une comédienne. L’original est ensuite présenté à son double. À la fois expérimentation, projet cross-média et documentaire, Made to Measure est un projet étourdissant sur la façon dont nous cédons nos vies privées, réalisé par les cinéastes de The Cleaners (FIFDH 2018)
Différentes études ont démontré que quelques données en ligne sur une personne suffisent à déterminer ses intérêts, ses penchants et même des détails très intimes comme ses peurs, ses faiblesses ou ses addictions, et à prédire le comportement d’une personne. Souvent, cela est justifié par la puissance des algorithmes. Les réalisateur·ices ont souhaité démontrer que même sans les pouvoirs supposés miraculeux d’une IA, il est possible de tirer des conclusions étonnamment intimes des traces numériques que chacun·e d’entre nous laisse sur la toile.
Ce film a été sélectionné pour le programme Écoles du FIFDH 2022, puis pour la compétition Grand reportage de l’édition 2023. Il a depuis été présenté à de nombreuses reprises en aula d’établissement scolaire, à l’occasion de projections suivies de discussions autour de la protection des données.
MIGRATION · RMNA
À quoi font face les mineur·es non accompagné·es une fois arrivé·es en Europe ?
Vous avez été marqué·es par l’histoire d’SK et de ses compagnons dans Shadow Game ? Présenté lors de l’édition 2023 du programmes Écoles, le film offrait un aperçu poignant des nombreux « jeux » auxquels se livrent les adolescent·es fuyant leur pays en direction de l’Europe. Les jeux de la course, du train, du passage de frontières… Une manière pour eux de relativiser la réalité et de conserver un semblant d’espoir.
Nous vous proposons maintenant The Mind Game (2023), co-réalisé par SK, qui met en lumière les nombreuses difficultés auxquelles sont confronté·es les MNA une fois arrivé·es dans le pays où iels déposeront leur demande d’asile.
Sajid Khan Nasiri, Els Van Driel et Eefje Blankevoort
The Mind Game
PAYS-BAS, 2023, 61’, VO ANG/NÉERLANDAIS/ PASHTO, ST FR
SK, réalisateur et protagoniste, entame alors le difficile processus consistant à se frayer un chemin à travers les systèmes d’asile et les sociétés européennes. Un tout nouveau « jeu » commence pour lui et le qualifie de « jeu de l’esprit ». Commence alors la phase d’intégration : apprendre la langue, aller à l’école ou suivre une formation, chercher un emploi, trouver et aménager un logement, tenter de faire venir leur famille, etc.
Le téléphone est un compagnon constant pour SK, lui servant de caméra et de témoin tout au long de son périple. Il lui permet de documenter chaque étape de sa traversée jusqu’en Europe et de partager régulièrement des vidéos sur des plateformes telles que TikTok. Grâce à ces vidéos, il rend visible les difficultés du parcours migratoire. L’utilisation de son téléphone lui a également permis de maintenir un contact étroit avec les deux autres réalisatrices, Eefje Blankevoort et Els van Driel. Elles ont pu suivre son parcours à distance et le rejoindre dès qu’elles le pouvaient, contribuant ainsi à la réalisation des deux films.
Élève du secondaire ayant assisté à la projection lors du Festival
Shadow Game a participé aux Impact Days 2021, puis a été présenté lors d’une Masterclass des Impact Days 2022. Le film était également sélectionné pour le programme Écoles 2023, tandis que The Mind Game en a fait partie l’année suivante.