L'équipe du FIFDH divulgue le programme de sa 21e édition

Composée de sujets brûlants qui rythment l’actualité locale et internationale, la programmation 2023 invite à une réflexion autour d’enjeux politiques, éthiques et symboliques.
“Pour pouvoir changer notre monde, il faut s'autoriser à en imaginer un autre.”
Ali Cherri, invité de la 21e édition du FIFDH, pour L’Orient-Le Jour, 16 mai 2022
Pour cette 21e édition, le FIFDH propose une sélection internationale de films : une pluralité de narrations cinématographiques. Une place particulière sera donnée à des cinéastes internationaux·ales, des auteurs·trices engagé·es et des activistes du monde entier. Le Festival sera rythmé par de nombreux débats, des fictions et documentaires poignants, des rencontres avec des personnalités d’exception et, pour la première fois, par trois événements dédiés au jeune public dès 6 ans.
Cette édition 2023 du FIFDH coïncide avec un jubilé symbolique.
« Commémorer les 75 ans de la Déclaration universelle des droits de l’Homme incite à considérer ces droits à la croisée de leurs continuités, ruptures et émergences. Le FIFDH Genève aborde ainsi avec une égale acuité des thèmes aussi complémentaires que l’humiliation comme outil d’oppression, l’extension des droits universels au monde du vivant ou les écueils éthiques à l’ère numérique. » Irène Challand, directrice des programmes du FIFDH

Des invité·es marquant·es et engagé·es
Plus de deux cents invité·es ont répondu présent·es. Parmi elles·eux le réalisateur et plasticien libanais Ali Cherri (Le barrage), l’activiste canado-somalienne lauréate du Right Livelihood Award, Ilwad Elman, la chanteuse et défenseuse des droits des femmes kurde, Mutlu Kaya(My Name is Happy), le journaliste et documentariste afghan Abbas Rezaie (Etilaat Roz), la journaliste d’investigation et auteure française Garance Le Caisne (Les Âmes perdues), le réalisateur franco-congolais Alain Kassanda (Colette et Justin), la productrice kényane, membre votante de l’Académie des Oscars en 2020, Toni Kamau, le cinéaste documentariste français Nicolas Philibert (Sur L’Adamant), la journaliste féministe et créatrice de podcasts Victoire Tuaillon (Les Couilles sur la table) ou encore le photographe suisse Christian Lutz (Citizens).

Le pouls d’un monde sous tension - conflits, environnement et migration
Au coeur d’une des zones sensibles du monde, et au plus intime des émotions humaines, nous suivrons les journalistes dans le huis clos d’une rédaction au moment de la prise de pouvoir des Talibans en Afghanistan avec le documentaire Etilaat Roz d’Abbas Rezaie. Les Âmes perdues de Garance Le Caisne plongera l’audience dans l’Opération César qui a révélé au grand public des crimes contre l’humanité commis par le régime de Bachar El-Assad en Syrie. Le débat qui suivra fera la lumière sur la bataille juridique menée par l’avocate Clémence Bectarte et le protagoniste du film, Obeida Dabbagh, pour faire reconnaître ces crimes. Le concept d’humiliation sera au centre de deux forums, le premier visera à définir son usage dans les relations internationales et le deuxième abordera son application concrète, comme un outil d’oppression et domination en Palestine.
L’environnement sera un thème central de le programmation, notamment avec le documentaire Duty of Care: The Climate Trials, une plongée dans le travail de Roger Cox, premier avocat à avoir poursuivi avec succès une multinationale - Shell - et un gouvernement - le néerlandais - pour leurs abus et négligences au détriment de l’environnement. L’écologie sera également traitée sous un angle décolonial, en articulant les questions de classe, d’origine et de genre, pour s’extraire d’un narratif unique et mettre en avant la diversité des vécus. L’autrice Myriam Bahaffou (Des paillettes sur le compost), militante écoféministe décoloniale et antispéciste en débattra avec Vandana Shiva, cheffe-de-file de l’écoféminisme mondial et l’activiste Cannelle Fourdrinier.
La migration et les déplacements forcés marquent notre époque. Nous aborderons cet enjeu avec un forum autour des différences dans l’accueil des migrant·es et d’un film La vie devant elle de Manon Loizeau. Ce documentaire prend la forme du journal intime de la jeune Elaha Iqbali, Afghane de 14 ans, un récit de son exil entre solitude, fatigue mentale et instabilité.

Réflexions autour de la décolonisation
Après l’accession à l’indépendance de nombreuses nations et de peuples, l’ère postcoloniale a fait l’objet de multiples réflexions politiques et sociologiques et a été marquée par l’émergence d’oeuvres artistiques maîtrisées par les protagonistes elles·eux-mêmes. L’excellent Colette & Justin, du réalisateur français d’origine congolaise, Alain Kassanda, sera au centre d’un débat autour de la décolonisation du récit, avec la productrice kényane Toni Kamau et le réalisateur sri-lankais Sanjeewa Pushpakumara. Une décolonisation qui sera également au centre d’une discussion autour du film controversé H2: The Occupation Lab de Idit Avrahami et Noam Sheizaf. A travers des images d’archives rares et des entretiens, le film raconte comment la ville palestinienne d’Hébron a servi de laboratoire politique pour les méthodes de contrôle d’Israël, et insiste sur les conséquences néfastes de la colonisation.

Cinéma suisse - un regard tourné vers l’extérieur
Le cinéma suisse aura une place de choix lors de cette 21e édition avec la présence d’une génération montante de nouveaux·elles cinéastes. Carmen Jacquier, lauréate du prix de la mise en scène au Festival international de Marrakech (FIFM) présentera son film Foudre. Simon David nous conduira dans la ZAD de la colline du Mormont avec son film Zadvengers. Et, que serait le cinéma suisse sans le regard de cinéastes qui mettent au service de leur art leur bagage culturel pluriel porté vers l’ailleurs ? Gabriel Tejedor présentera ainsi en première mondiale son documentaire Naître Svetlana Staline sur le destin exceptionnel de la fille unique de Joseph Staline. Le réalisateur Fisnik Maxville, avec The Land Within, Prix du Meilleur Premier Film au Tallinn Black Nights Film Festival 2022 (PÖFF26), proposera une fiction envoûtante qui rouvre les plaies du conflit au Kosovo.

Technologie et droits humains
Il est plus facile de croire que de penser, de confirmer des opinions plutôt que de cultiver le doute. Une mécanique dangereuse, surtout quand l’usage des nouvelles technologies amplifient nos biais cognitifs. Cette réflexion sera menée avec l’écrivain et essayiste Giuliano Da Empoli, auteur du roman finaliste du Prix Goncourt et lauréat Grand Prix du Roman de l’Académie Française, Le Mage du Kremlin.
Des nouvelles technologies qui mettent également en péril la sécurité de nos données, et ouvrent la voie à leur pillage. En 2021, un consortium de journalistes dénonçait l’usage d’un logiciel espion, Pegasus, utilisé par 65 États pour espionner à distance des milliers de défenseur·ses des droits humains, journalistes, et opposant·es politiques. Présenté en première mondiale, Pegasus, un espion dans votre poche d’Anne Poiret revient sur ce scandale. Le journaliste français Laurent Richard du réseau Forbidden Stories et la journaliste et militante catalane Txell Bonet, victime de ce logiciel, en débattront sur la scène du FIFDH.

Des enjeux universels : inceste, droits des enfants trans*, féminicides
Alors qu’il est un tabou universel, l’inceste est systématiquement pratiqué au point d’être structurant des sociétés humaines, comme l’expose l’anthropologue Dorothée Dussy, autrice de l’ouvrage majeur Le berceau des dominations. Elle dialoguera avec Iris Brey et Juliet Drouar, coauteur ·trices de La culture de l’inceste ainsi qu’avec le défenseur des droits humains écossais Matthew McVarish.
La Convention relative aux droits de l’enfant garantit l’intérêt supérieur de l’enfant, le droit de vivre, survivre et de se développer. Les jeunes trans* et non binaires ont-iels le même accès à ces droits dans leurs parcours de transitions ? Denise Medico, psychologue au centre de recherche sur les enfants trans au Québec, dialoguera avec le jeune mannequin français Jacob-Elijah, l’activiste Passita Gonzales de Synergie Trans Bénin, et la juriste Deekshitha Ganesan, dans une rencontre animée par l’auteur et journaliste Tal Madesta.
Alors qu’une femme est tuée par son conjoint ou ex-partenaire toutes les onze minutes d’après l’ONU, nous accueillerons l’historienne française Christelle Taraud et l’anthropologue argentino-brésilienne Rita Laura Segato pour décortiquer la mécanique de ces crimes dans le monde. Plusieurs films abordent également, de près ou de loin, les dérives violentes de la société patriarcale : Look What You Made Me Do de Coco Schrijber, My Name is Happy de Nick Read et Ayse Toprak, A Room of My Own de Ioseb “Soso” Bliadze et Lobo e Cão de Claudia Varejão.

Des films et ateliers pour nos jeunes publics
Le FIFDH va, pour la première fois, à la rencontre des plus petit·es, et les accompagne dans la découverte de thématiques parfois difficiles à aborder. Le film d’animation Dounia et la princesse d’Alep, présenté en partenariat avec les Cinémas du Grütli, met en scène l’exil d’une petite fille de six ans et de sa famille. La thématique du travail des enfants est abordée dans Iqbal, l’enfant qui n’avait pas peur dans le cadre d’un programme mis en place par la Lanterne Magique. Enfin, le film d’animation Interdit aux chiens et aux Italiens, Prix du Jury au Festival d’Annecy, raconte l’histoire de milliers d’Italien·es ayant quitté leur patrie pour s’établir en France, en Suisse et en Belgique au début du XXe siècle.

Programme industry - Impact Days
La 5e édition du programme professionnel du FIFDH continue de prendre de l’ampleur avec la participation de toujours plus d’ONG, de médias, de fondations et de philanthropes. Ils·elles se rencontreront et échangeront avec les équipes des 16 projets de documentaires sélectionnés les 13 et 14 mars prochains à Genève. Le but ? Créer des synergies, développer des campagnes d’impact et maximiser la visibilité des films, de leurs protagonistes et de leurs histoires. Cette année, trois documentaires font également partie de la sélection du Festival et sont en compétition.
De nombreux films sélectionnés par les Impact Days ont connu des campagnes d’impact à succès et significatives pour les populations qu’ils représentaient : visibilisation des problématiques traitées auprès d’institutions onusiennes et européennes, notamment sur des problématiques liées à la migration des mineur·es non accompagné·es (Shadow Game), d’autres ont fait leur première mondiale dans des festivals internationaux, tels que le TIFF (Lift Like a Girl) ou été récompensés à Sundance (Softie). Retrouvez le programme complet des Impact Days.
Le podcast Voies Libres revient pour une 2ème saison
La guerre, les migrations, le poids des traditions et du patriarcat, la crise environnementale, le postcolonialisme, tout est matière à récit. Comment les droits humains et leur défense imprègnent-ils le langage cinématographique ? Dans ce podcast qui donne la parole à six cinéastes invité·es de la 21e édition du FIFDH, Voies Libresexplore le lien entre cinéma et activisme. Réalisation : Laura Cazador, une co-production Genève Vision RTS - FIFDH.

Le programme en chiffres
- 36 films : 7 premières mondiales, 1 première internationale, 1 première européenne, 22 premières suisses et 5 premières suisses romandes
- 21 débats dont 10 diffusés en ligne et en direct sur nos canaux digitaux
- 220 invité·es internationaux·ales
- 23 événements, avec des tables rondes, rencontres,projections spéciales et expositions
- 13 séances pédagogiques en présentiel pour les classes du secondaire I et II
- 3 séances pour les familles et jeunes publics dès 6 ans
Retrouvez tout le programme 2023 ! Billetterie déjà ouverte !