Édito et messages officiels

Éditorial 2024

Laura Longobardi, Laila Alonso Huarte, et Guillaume Noyé

Co-directrices éditoriale et Directeur administratif

Entre résistances et révoltes : le pouvoir des images

Le monde semble être entré dans une ère de polycrises. Au-delà de l’urgence évidente, l’interdépendance entre crises géopolitiques, économiques, sociales et environnementales, les inquiétudes suscitées par le développement de nouvelles technologies, ainsi que l’application à géométrie variable des standards du droit international contribuent à un sentiment d’impuissance et de confusion. 

Dans ce contexte où les crises se multiplient et, plus inquiétant encore, semblent se renforcer entre elles, comment donner du sens à notre époque sans basculer dans le pessimisme ? Quel rôle peut jouer une manifestation culturelle comme le FIFDH ?

Si tout bouleversement implique une perte de repères, c’est également dans ce mouvement qu’apparaissent des perspectives nouvelles. La force d’un événement comme le nôtre est de réunir celles et ceux qui nous permettent d’appréhender la complexité du monde, réfléchissent à des solutions collectives et nous rappellent la nécessité d’agir. Une force démultipliée par la puissance des images et l’importance des représentations pour créer les conditions de compréhension, d’empathie et d’engagement.

Face au recul des libertés et des acquis sociaux, à l’inaction des pouvoirs politiques et à la domination des intérêts à court terme sur toute vision à long terme, il est nécessaire de préserver des espaces de résistances, d’écoute et d’expression pour faire émerger des pistes de solutions tantôt concrètes et pragmatiques, tantôt radicales ou utopiques. 

Parce que les victoires sont trop souvent éphémères, face aux pertes définitives, profitons de ces 10 jours pour continuer à résister, ensemble.

Messages officiels

Simon Geissbühler

Ambassadeur, chef de la Division Paix et droits de l’homme (DPDH) du Département Fédéral des Affaires Étrangères (DFAE)

L’an dernier a marqué le 75e anniversaire de l’adoption de la Déclaration universelle des droits de l’homme. Cette vision commune doit continuer à nous guider. Dans un contexte de perte de confiance et de polarisation croissante dans de nombreuses régions du monde, il est important de rappeler que les droits de l’homme font partie intégrante de la solution à ces problèmes, qu’ils sont au cœur de la prévention des conflits. Le DFAE à travers sa diplomatie des droits de l’homme ne cesse de le rappeler.  

Le FIFDH réaffirme la place de la Genève internationale pour dénoncer les violations, partout où elles se produisent, mais aussi pour lancer des pistes de réflexions. Il rassemble le monde académique, diplomatique, économique, et artistique, ainsi que la société civile.  Le Festival honore et amplifie la voix et l’action de toutes celles et ceux qui défendent les droits de l’homme. La richesse et la diversité de toutes ces perspectives font du FIFDH un rendez-vous incontournable pour s’informer, prendre conscience, comprendre, débattre et inspirer. En tant qu’événement culturel, il joue un rôle clé pour rappeler au grand public que la protection et la promotion des droits de l’homme sont aujourd’hui plus pertinents que jamais. 

Alfonso Gomez

Maire de la Ville de Genève

Après une année 2023 particulièrement difficile, ce début d’année 2024 continue de préoccuper. La guerre qui n’en finit pas en Ukraine et le terrible conflit au Proche-Orient meurtrissent les populations civiles et laisseront des marques durables. Un peu partout sur la planète, les droits fondamentaux sont attaqués, le climat se dérègle et les solidarités sont mises à rude épreuve. Dans ce cadre, Genève, en sa qualité de ville dépositaire des Conventions du même nom, doit plus que jamais veiller au respect du droit international humanitaire, mais également œuvrer en faveur de la paix et alerter sur l’état du monde. Pendant 10 jours, le FIFDH endossera ce rôle. À travers des œuvres fortes, des rencontres avec des expert·es et des événements qui s’ouvriront toujours plus sur la ville, il mettra en lumière les bouleversements géopolitiques et climatiques actuels. Par l’image qui souvent bousculera, par la force du propos, le FIFDH réveillera les consciences, rassemblera et résonnera, en chacun·e d’entre nous, comme un appel vibrant à l’action. Pour construire un monde plus humain et plus durable. 

Sami Kanaan

Conseiller administratif en charge du Département de la culture et de la transition numérique

Le débat est un art qui doit être défendu. Dans une société qui prône la vitesse et les phrases-chocs, plus que jamais, nous devons défendre les conditions d’un débat constructif entre tous et toutes. Le Festival du film et forum international sur les droits humains (FIFDH) y participe activement.

Le FIFDH, c’est l’occasion de prendre le pouls de la société qui lutte pour plus de justice, qui croit en l’égalité, en un monde solidaire et respectueux de son environnement.

C’est aussi l’occasion de pointer des luttes qui ne font pas la Une des médias. De découvrir des êtres humains au service de leur communauté. Des personnes qui consacrent leur temps, leur énergie à porter un message de paix et à œuvrer pour que leurs semblables puissent vivre dans des conditions décentes. Cela mérite notre respect et notre écoute.

En permettant, une fois de plus, à des artistes de diffuser leur œuvre dans un contexte de mise en perspective des enjeux portés, le Festival genevois renforce la place de la création dans les débats d’idées et les engagements sociaux, et offre un porte-voix aux militant·es, aux scientifiques et aux chercheur·ses.

Bons débats !

Leo Kaneman

Fondateur et Président d’honneur du FIFDH

Avec l’accession au pouvoir de gouvernements autoritaires en Russie, en Iran, en Chine, en Turquie, on assiste à une escalade des violations envers les droits humains et leurs défenseur·ses. Nous regardons ainsi impuissant·es les crimes de guerre et contre l’humanité perpétrés de par le monde. Comment appréhender de telles tragédies ? Malgré l’ampleur des drames qui se jouent aux quatre coins du monde, nous ne pouvons pas abandonner le combat, notre salut en dépend.

Heureusement, chaque victoire – aussi petite soit elle -, entretient l’espoir d’un retour de la lumière : à l’exemple des femmes argentines qui ont gagné leur combat pour le droit à l’avortement en décembre 2020 ; de l’association SOS Méditerranée qui, chaque année, sauve du naufrage des milliers de migrant·es, et des partisant·es de l’accueil qui leur permet d’espérer une vie meilleure après leur traumatisante expérience d’exil. Autre victoire, l’arrestation, en 2015 – grâce à l’existence de la « Compétence Universelle » – du colonel syrien Anouar Raslan, condamné à la prison à vie pour son rôle dans la machine répressive syrienne : une première à saluer après des années d’impunité. Avec le soutien de la Cour Pénale Internationale (CPI) ce sera, espérons-le, prochainement le tour de Vladimir Poutine et autres compères.

Ces exemples positifs doivent nous montrer que gagner est possible, et alimenter la flamme de nos espoirs. L’Histoire nous a appris que le mal est réversible en son contraire et que le bien devient à son tour réalité.

Eléonore Sulser

Journaliste Culture, responsable d’Entre-Temps, Le Temps

Du sens, malgré tout.

Une pandémie, une guerre qui dure aux portes de l’Europe, une autre qui, depuis quelques mois, secoue terriblement le Proche-Orient, quantité de conflits oubliés ou larvés, des lignes de failles profondes qui traversent les sociétés humaines et une planète qui continue de se réchauffer. Les années 20 de notre siècle font vaciller la terre sous nos pieds, mettent à mal nos croyances, nos certitudes. On se dit parfois qu’il n’y a plus rien à quoi se raccrocher. 

C’est oublier les histoires, les récits, les témoignages, la parole et l’image, tout cela qui fait de nous des humains. Nous sommes souvent fragiles, souffrant·es, faillibles, violent·es, injustes, cruel·les. Mais nous pouvons le dire. Nous pouvons nous placer face au monde, le regarder, le raconter en nous racontant et, ce faisant, le penser – et le panser peut-être, un peu ; l’inscrire en tous cas dans une trajectoire et tenter de lui donner du sens.

Avec les films qu’il présente, les personnalités qu’il invite, la parole qu’il fait entendre, les images qu’il donne à voir, le FIFDH contribue à cette circulation du sens et de l’humain, envers et malgré tout.

Gilles Marchand et Pascal Crittin

Directeur général de la SSR et Directeur de la Radio Télévision Suisse

La SSR et la RTS sont fières d’accompagner le FIFDH pour sa 22ème édition.

Plus que jamais, le Festival résonne avec l’actualité internationale. Que ce soit à travers la résurgence de conflits, l’affrontement des grandes puissances mondiales, les dérèglements climatiques ou encore les crises migratoires, il permet de rendre compte de ces réalités et de la nécessité de les questionner. 

C’est donc tout naturellement que nous nous associons à cette démarche et que nous renouvelons, cette année encore, notre engagement auprès du FIFDH, que ce soit à travers la participation aux débats, la présentation de documentaires ou en proposant sur nos antennes des échanges et des réflexions à travers la programmation du Festival. 

Nous vous souhaitons un festival rempli d’émotions, d’échanges et de belles découvertes.

Karine Bruchez

Présidente de l’Association des communes genevoises (ACG) 

Le 18e siècle aura été le siècle des libertés, le 19e celui des égalités et le 20e devait ouvrir la voie aux fraternités. Hélas ! au 21e siècle, ces valeurs peinent à exister dans la paix et l’ordre international, et le sort des populations ne s’améliore pas, encore moins leurs droits fondamentaux. Nous continuons à vivre les cauchemars de dystopies qui érigent leur pouvoir violent sur les injustices sociales et les tragédies humaines. Véritable fenêtre ouverte sur la dignité humaine, le FIFDH dénonce la violation des droits humains et donne la voix aux victimes, à celles et à ceux qui résistent. 

Les communes genevoises apportent fidèlement leur soutien à cet événement international rassembleur. 

Restons engagé·es pour défendre une culture solidaire, valoriser la proximité et nous ouvrir sur le monde non seulement au travers de ce Festival mais aussi chaque jour !
J’adresse un immense merci à toutes les personnes qui organisent et font vivre cet événement et qui portent ainsi un message d’espérance vers un monde meilleur !